Cette semaine a été adoptée au conseil régional et au conseil départemental de l’Isère « une convention de partenariat portant expérimentation pour la création d’un parcours favorisant le retour à l’emploi des bénéficiaires du RSA ». Mais derrière les mots il n’y a rien, si ce n’est une opération politique de haut vol et un moyen de stigmatiser un peu plus les bénéficiaires du RSA… Une grande illusion. Le principe est simple, la région qui gère la politique de formation et le département qui a la responsabilité des bénéficiaires du RSA mettent leur moyens en commun pour permettre à ces derniers de sortir plus vite vers l’emploi. La Région privilégiera les volontaires pour l’accès à une formation en ciblant les métiers en tension (métallurgie, plasturgie, industrie agro-alimentaire, métiers de l’hygiène et du nettoyage…). Le bénéficiaire pourra alors cumuler son RSA avec la rémunération des stagiaires versée par la région (cela peut représenter 400€ pour une personne seule). Derrière cette carotte, les bénéficiaires du RSA doivent se soumettre formellement à des engagements et des possibles sanctions. Et c’est là le cœur et la raison de la politique des deux collectivités ; entretenir l’idée que les bénéficiaires du RSA sont des assistés, suggérer que sortir du RSA n’est qu’affaire de volonté, que seule la contrainte et la sanction peuvent les sortir de la situation dans laquelle ils se trouvent. Si le bénéficiaire refuse successivement deux formations qui lui sont proposées, le département pourra prévoir une suspension partielle ou totale du RSA. Même sanction en cas de manquement à l’assiduité d’une formation, avec en plus la privation du bénéfice de toute autre formation pendant 2ans, et des réductions tarifaires dans les TER… Il est précisé que les formations correspondront aux métiers en tension sur la région mais pas aux souhaits ou capacités de la personne concernée. Ce partenariat a été conclu avec dix des douze départements d’Auvergne Rhône Alpes. Les deux départements de gauche n’ayant pas été conviés à y participer. Les bénéficiaires du RSA n’ont pas tous le même profil. En grossissant le trait, beaucoup entrent et sortent du dispositif à la faveur d’un petit contrat de travail et de périodes de chômage. Un plus grand nombre encore reste de longs mois voire années dans le RSA. Le plus souvent ces personnes très éloignées du travail ne pourront bénéficier d’une formation professionnelle car ils sont trop éloignés de l’emploi. Un parcours d’insertion sociale doit être engagé au préalable. Autre catégorie très présente parmi les bénéficiaires du RSA ; les femmes seules avec enfants. Elles sont plus de 350 000 en France dont 60 000 avec trois enfants à charge ! D’autres solutions que l’obligation de formation assortie de sanctions sont nécessaires pour sortir ces femmes de la précarité. Cette expérimentation ne concerne donc pas le cœur des bénéficiaires du RSA dont nous souhaitons qu’ils puissent en sortir prioritairement. Ils sont les cibles principales de la politique « anti-assistanat » de la droite, Laurent Wauquiez annonçant « la fin de la récrée » avec sa subtilité habituelle. Ils ne pourront pourtant pas bénéficier de cette nouvelle politique. Enfin s’il fallait encore démontrer que cette opération « fin de la récrée » n’est une fois de plus qu’une opération de communication, précisons que seuls 1200 bénéficiaires du RSA vont en profiter… Ce devait être encore moins puisqu’en réunion de commission du Département à Grenoble, la Vice-Présidente chargée de ces questions nous a indiqué qu’elle était initialement prévue pour seulement 100 bénéficiaires en Isère ; « on a trouvé que cela faisait peu alors on a demandé 200… ». Pour cause, il y a plus de 35 000 bénéficiaires du RSA en Isère (225 000 sur l’ensemble de la région). Au final, un gros coup de point sur la table, des conférences de presse, des propos définitifs sur la fin de « l’assistanat » pour une opération qui concernera 0,5% des bénéficiaires isérois du RSA… Il ne faut pas attendre des nouveaux exécutifs des conseils Départementaux et régionaux qu’ils trouvent des solutions aux difficultés des français. Là n’est pas leur préoccupation. « nous assumons faire de la politique » a-t-on entendu dans l’hémicycle du Département à Grenoble la semaine dernière. C’est aussi avec ce genre d’arguments que la région Auvergne-Rhône-Alpes a refusé le plan des « 500 000 formations » proposé par le gouvernement qui aurait pu bénéficier à 65 000 Auvergnats et Rhône-Alpins et à la région de profiter d’un financement de plus de 100 millions d’Euros par l’État. Notre Région est la seule en France à avoir refusé d’en bénéficier. Mais la politique avant tout…]]>