La mobilisation de dimanche fut prodigieuse. Dans chaque commune de France, dans plusieurs capitales du monde, des hommes et des femmes se sont levés pour crier leur soif de liberté, de tolérance et leur refus de céder un pouce devant les fondamentalismes. Nous commencions à douter de la capacité de la France à se surpasser, de sa volonté de faire un. Nous observions avec incompréhension les enquêtes qui faisaient de la France le pays le plus pessimiste du monde. Des voix entretenaient la nostalgie du passé et présageaient le déclin irréversible de la France, de la vitalité de ses principes et de sa jeunesse. Voilà les français de toute condition, de tout âge de toute sensibilité et de toute religion brandissant les drapeaux tricolores, acclamant les forces de l’ordre et hurlant la Marseillaise. Certains se lamentaient de l’apathie de nos valeurs républicaines. Elles étaient là, à portée de la main, plus vivantes que jamais. La réaction fut à la hauteur de la blessure que nous avons ressentie. En tuant des journalistes parce qu’ils défendaient la Liberté, des policiers parce qu’ils protégeaient la République et des citoyens parce qu’ils étaient juifs, c’est le cœur de la France qui a subit un électrochoc. Comme à chaque fois que la France est touché par un tel drame, une remise en cause de notre sécurité est nécessaire. Tout doit être analysé pour déterminer ce qui a pu ne pas fonctionner. Le Premier Ministre a annoncé des évolutions réglementaires et législatives pour le contrôle et le suivi des fondamentalistes au niveau Européen et sur notre territoire. Il a notamment annoncé l’isolement des djihadistes dans nos prisons. Mais ne tombons pas dans le piège que les terroristes nous tendent. Ne concédons rien sur nos principes démocratiques par des lois ultra-répressives et inutiles. Les États-Unis avaient instauré le Patriot Act avec les résultats qu’on connait. Dans son discours à l’Assemblée hier mardi, Manuel Valls en a déjà tiré les conséquences en annonçant « des mesures exceptionnelles et non pas des mesures d’exception ». Le moment était très solennel. Nous avons chanté la Marseillaise, nous avons applaudi sans distinction l’ensemble des discours et en particulier le discours exceptionnel de Manuel Valls. Certes des collègues avaient la contestation au bords des lèvres, des bruissements de protestations répondaient à la mention du nom de Christiane Taubira, certes le Président du groupe UMP a appelé l’avènement de lois répressives, mais la retenue des députés disait l’aspiration à ne pas briser l’unité d’une France qui fait bloc. A nous aujourd’hui d’être fidèle à l’esprit du 11 janvier, à l’héritage laissé par les 17 victimes, à la soif de rassemblement exigée par les français. Chacun a brandit dimanche les valeurs de la République dans une belle unanimité. Les divergences n’ont pas disparu. Mais sur l’essentiel notre mobilisation vient de provoquer un souffle qui a éveillé le monde entier. Nous avons crié « Liberté ». Nous ne pouvons plus choisir le silence lorsqu’elle est menacée à travers le monde. Nous avons scandé « Égalité ». Nous ne devons plus tergiverser dans notre pays sur la définition même de ce principe. Nous avons chanté la Fraternité. Gardons en nous cette révolte contre toutes les formes de racisme, d’intolérance, d’antisémitisme, contre les tentations de la division et des extrêmes. Les actes barbares proférés il y a une semaine ont laissé place à un 11 janvier porteur d’espoir. A chacun d’entre nous d’être digne de l’esprit du 11 janvier.]]>