On ne peut pas suspecter Emmanuel Macron de porter des idées d’extrême droite. A quelques jours du centenaire de l’armistice de 1918, ses propos saluant le rôle de Pétain pendant la Grande Guerre provoquent pourtant un grand trouble. Certains parlent de « polémique inutile », sans doute pour en amoindrir la portée, c’est à tout le moins une émotion légitime.
Pétain a été frappé d’indignité nationale. Cette peine est rétroactive. Peu importe que Petain ait été un héros de la première guerre, maréchal de France ou académicien, la Nation a jeté sur lui le voile noir qu’il avait jeté lui-même sur notre pays, profitant de son prestige gagné en 1917 pour enfermer la France dans la collaboration et les juifs dans les camps. Juridiquement l’indignité nationale lui a fait perdre toutes ses distinctions passées.
Le Président de la République doit porter ces seuls faits. Les historiens peuvent disserter sur le sujet à l’envie, la Nation et ses représentants doivent conserver sur Pétain le silence du déshonneur.
Notre émoi est d’autant plus légitime que la bête immonde de l’extrême droite frappe toujours à la porte. Citer Pétain au plus haut niveau de l’État, c’est risquer d’encourager les nazillons à ressortir leurs chants de mort et leur négationnisme. Et Zemmour, qui n’est pas à une falsification près, se répand sur les plateaux télé pour dire à quel point le Président de la République a raison…
Le monument aux morts de Vienne a été inauguré par Pétain en 1923 et une citation avec sa signature apparaît à l’arrière. Elle est gravée dans la pierre mais désormais peinte en blanc, pour la fondre dans la couleur de la pierre, de sorte qu’on la distingue à peine. On devrait faire avec Pétain ce qu’on a fait à Vienne avec sa citation; son Histoire reste indélébile mais dans le Panthéon national, son évocation doit rester invisible.