Monsieur le Président,
Dans un moment d’agacement, vous avez lâché aujourd’hui « nous sommes devenus une Nation de 66 millions de procureurs ». Même si ma voix compte peu dans le tintamarre politique, j’ai choisi depuis le début de cette pandémie de ne pas avoir un seul mot pour ou contre la gestion de la pandémie parce que la difficulté est évidente, l’anticipation ardue, la tâche immense. Mais Monsieur le Président, chacun d’entre nous est légitime et doit juger l’action du Gouvernement « à charge et à décharge », comme le ferait non un procureur mais un juge d’instruction. Cela s’appelle la Démocratie.
Cette Démocratie est d’autant plus vivante que les « procureurs » sont nombreux. Le pire serait pour vous dans la situation actuelle de diriger un peuple apathique, aphasique, indifférent. Surtout lorsqu’on attend d’eux une légitime et active contribution.
Les procureurs, les magistrats en général s’attachent à rechercher une vérité. Tout comme les français qui sont en droit d’attendre sincérité et vérité de la part des dirigeants qui gèrent en notre nom une pandémie endurée collectivement. Certes il serait plus facile de diriger ce pays aidé d’une confiance populaire aveugle. Mais il serait plus facile de vivre ce moment avec la connaissance parfaite des paramètres, des données, des réflexions, des considérations et des hésitations qui sous-tendent les choix du Gouvernement.
Les masques hier, les vaccins aujourd’hui, votre hommage au « travail » de Didier Raoult, la perspective d’une année sans culture et sans ski : des décisions demeurent énigmatiques pour nombre d’entre nous. Surtout lorsque des pays voisins ont fait d’autres choix.
La pandémie s’est imposée dans le quotidien de chaque habitant de cette planète, toujours pour le pire. Elle s’impose dans toutes les conversations et alimente toutes les inquiétudes. Il est heureux que nous exigions de nos dirigeants la plus grande transparence. La confiance suivra.
Soyez fier d’être le président de cette « Nation de 66 millions de procureurs ».