Devant l’Assemblée nationale après le passage des « nuit debout »[/caption] Je suis enthousiaste à l’idée que des citoyens se réunissent, de nuit comme de jour, pour refaire le monde, pour s’investir dans le débat public, pour revivifier la politique, pour réveiller nos concitoyens, pour contester surtout les travers du libéralisme. Nous souffrons trop de l’abstention, nous souffrons beaucoup trop de l’apathie citoyenne et parfois de la médiocrité du débat politique. Je suis d’autant plus enthousiaste que ces initiatives réunissent des jeunes et émanent d’eux-mêmes. A condition qu’il est pacifique et dénué de toute violence, ce foisonnement d’idées, de colères, de révoltes est sain. Il est par principe salutaire. Sur quoi débouchera-t-il ? Difficile à dire, car si la démarche est enthousiasmante, je reste sur ma faim quand à son contenu. Je suis dubitatif lorsqu’il s’agit de brandir des slogans plus littéraires que revendicatifs, lorsqu’il s’agit de rejeter la démocratie représentative, lorsque finalement les arguments se perdent derrière le mouvement et le bruit. Je crains que la dynamique Nuit Debout ne parvienne aux mêmes résultats que ceux provoqués avant eux par les indignés, par les mouvements comme Occupy Wall Street et bien d’autres ; des mouvements emmurés dans une contestation qui ne change pas le réel. Sur le même terrain Syriza et Podémos ont pu avoir un destin électoral, mais les situations de la Grèce et de l’Espagne ne sont pas celles de la France, aussi difficile puisse-t-elle être. L’on peut discuter à l’infini la nécessaire régénération de notre système de représentation. Pour ma part je reste persuadé qu’il n’y a pas de meilleur modèle de démocratie que le vote et l’éligibilité pour tous. Qu’il n’y a pas d’autre moyen de changer le monde que de se frotter à sa réalité, à sa dure réalité. Cela ne veut pas dire qu’il faille renoncer à notre idéal, bien au contraire. Au sein de la gauche progressiste, la « gauche de Gouvernement », les socialistes s’inscrivent dans cet objectif : exercer le pouvoir pour changer la vie, pour la changer en France et au delà. La gauche n’est pas plus belle lorsqu’elle est contestataire et dans l’opposition, lorsqu’elle est tournée sur elle-même. Elle est alors, tout simplement, impuissante. Alors vivent les « Nuit débout », dès lors qu’elles ne se contentent pas seulement de rêver éveillés. [caption id="attachment_3142" align="alignnone" width="300"] après le passage des « Nuit Debout » devant l’Assemblée nationale[/caption] ]]>