JoOne « Liberté, Égalité, Fraternité » Assemblée Nationale[/caption] Lors de la dernière séance du conseil départemental, nous étions invités la semaine dernière à adopter le plan citoyenneté, présenté par la nouvelle majorité du Département. Cette « démarche volontariste », sur laquelle le Président du Département concentre ses espoirs, se décline en trois « plans d’actions » : un plan départemental pour la jeunesse, un plan de prévention de la radicalisation, et un plan de « réciprocité » pour les aides sociales. Avec le groupe socialiste j’ai voté le plan de lutte contre la radicalisation, en exprimant certaines réserves, et j’ai voté contre le reste de ce programme qui relève tantôt de la provocation inutile, tantôt de la… pensée magique. Derrière les intentions, les publics ciblés par ce plan en disent long sur une conception étriquée et dogmatique de la citoyenneté ; les jeunes, les islamistes radicalisés, les bénéficiaires du RSA. Ce n’est pas un programme global mais un plan de soumission citoyenne de certaines catégories de la population sur lesquelles il est besoin, pensent-ils, d’imposer une servitude citoyenne. Tout cela sans avoir peur de mêler la jeunesse, les fous religieux (forcément ), et les foyers les plus pauvres. Curieux amalgame. S’il manque cruellement de propositions concrètes, le plan pour la jeunesse ne manquera pas d’instances de concertation : un « comité de pilotage », une « instance interinstitutionnelle départementale », trois « plateformes » pour le rapprochement avec le « monde professionnel »… On se satisfera de la volonté de faciliter l’accès aux stages au sein des services du département, ainsi qu’aux services civiques. On se désolera de l’absence de développement des formations par alternance et de la prudente précision qui conclut la présentation de ces « interventions facultatives ambitieuses » : « la mise en œuvre du plan départemental pour la jeunesse sera progressive, passant par des expérimentations menées sur quelques territoires pilotes »… Surtout, l’objectif de ce plan est de cacher la vraie démarche politique de la droite. De ce point de vue les chiffres du budget 2016 sont impossibles à camoufler derrière les plus jolis mots : Fonds d’aide aux jeunes : – 102 000€ Foyers de jeunes travailleurs : – 241 000€ Missions locales et autres subventions : -693 000€ Allocation jeune adulte : – 750 000€ Prévention spécialisée : -791 000€ Le deuxième volet de ce plan est consacré à la lutte contre la radicalisation. Sur ce point, la majorité s’est montrée mesurée. Là encore les cibles des actions se concentrent en direction des quartiers et des jeunes en voie de marginalisation sociale. Nous apprenons à connaître de mieux en mieux ce nouveau phénomène, si ce n’est à l’expliquer. Encore récemment, on faisait de l’individu radicalisé un portrait robot assez simple : un jeune homme, désocialisé, au parcours familial et professionnel chaotique, habitant un quartier sensible et passé généralement par la case prison. Ce n’est pas la réalité. Nous savons aujourd’hui qu’il y a 50% de convertis, provenant de familles de tous milieux, de toutes origines, athées, chrétiennes, musulmanes. 40% sont des femmes et 20% sont des mineurs. Seulement 15% d’entre eux ont un antécédent carcéral… Cela doit nous interroger, au plus haut niveau de l’État comme au niveau local, sur les ressorts qui conduisent à la radicalisation. La mobilisation de tous est nécessaire. C’est au nom de cette mobilisation que les conseillers départementaux socialistes se sont joints à cette intention. Enfin, le plan « réciprocité pour les aides sociales » s ‘inscrit dans la veine droitière de la majorité : il ne peut y avoir d’allocation sans contrepartie. Le message politique se veut viril, le plan est en fait très creux avec des expérimentations, des intentions très vagues d’incitation au bénévolat pour les bénéficiaires du RSA mais aussi d’autres prestations… La droite veut flatter sa clientèle. Ce faisant, elle regarde sans nuance les bénéficiaires du RSA, non comme les plus pauvres d’entre nous mais comme les « assistés ». Les professionnels et les élus locaux vont prendre la main sur les expérimentations qui vont être lancées dans certains territoires du département (dont l’Isère Rhodanienne). Espérons que ce travail de terrain contribuera à modifier le sens de la focale en transformant ce plan de réciprocité en programme d’insertion sociale. Il manque beaucoup d’éléments dans ce plan citoyenneté. Les questions de laïcité ne sont pas abordées, l’égalité femmes-homme non plus, la démocratie participative pas davantage. Un manque, que dis-je, un vide béant est plus visible que les autres. Pas une ligne, pas un mot n’est consacré à la lutte contre les discriminations. Il s’agit pourtant d’un fléau nécessitant un investissement massif de l’ensemble des élus. Pour moi un fléau nécessitant autant de mobilisation que la radicalisation islamiste. Il est d’autant plus nécessaire en Isère que l’un des conseillers départementaux s’illustre régulièrement en assumant son islamophobie. Il l’a fait encore récemment dans l’émission Envoyé spécial consacrée à Charvieux Chavagnieu, commune dont il est le maire depuis des années. On a pu l’entendre développer ses théories fumeuses et funestes sur l’islam lors du reportage de France2 (« je ne crois pas que l’islam soit une religion de paix. Les bons musulmans, s’il y en a, ne devraient pas se sentir visés » ). Il les a rappelées dans les mêmes termes lors de la séance publique du Conseil départemental alors que je les lui reprochais. Nous attendons toujours un signe de condamnation de la part de la droite, ou au moins un signe de désolidarisation… nous allons je pense attendre encore longtemps. La citoyenneté que propose la droite n’est qu’une remontrance destinée aux passagers de troisième classe. Le jour de cette séance du conseil départemental, le seul qui méritait de recevoir des leçons de civisme était un élu. Un élu qui siège sur les bancs de LR.]]>