Ils ont voulu tuer la jeunesse qui se mélange et mélange les cultures. Me dit l’une d’entre elles. Des gens qui font la fête. Tout ce qu’ils détestent ». L’atmosphère est pesante, elle le restera jusqu’à notre arrivée à Versailles. L’hémicycle du château de Versailles est bondé. Le gouvernent est présent au complet. Sur nos bancs, nous sommes répartis par ordre alphabétique. Le Président est sobre et ne fait pas dans l’emphase. Il débute sèchement par « La France est en guerre, les actes du 13 novembre sont des actes de guerre ». Certains ont pu gloser sur l’expression, déjà employée par le Premier Ministre. Mais quand des avions siglés du drapeau tricolore bombardent des territoires étrangers, quand des actes criminels entrainent des centaines de victimes sur notre sol, nous ne sommes pas loin de la guerre. Ses mots sont durs, tranchants. Ses décisions sont précises. « Notre République n’est pas à la portée de méprisables tueurs, l’ennemi n’est pas hors d’atteinte, déclare t-il ». Le Président décline les décisions à court terme sur le plan international (convocation du conseil de sécurité de l’ONU, mise en œuvre d’une coalition unique en Syrie) comme sur le plan national (prolongement de trois mois de l’état d’urgence). Surtout, au delà des mesures déjà prises depuis les attentats de janvier, le Président inscrit la République dans le combat contre le terrorisme djihadiste dans la durée. C’est notamment ce qui motive une révision constitutionnelle quand la constitution de 1958 prévoit des régimes d’exception qui ne sont plus d’actualité ; l’article 16 qui confie au Président tous les pouvoirs y compris ceux de faire la loi et l’état de siège qui laisse une grande partie des pouvoirs à l’armée (article 36). D’autres mesures seront déployées par des réformes législatives imminentes ; un renforcement de la déchéance de nationalité, une accélération de l’éloignement pour les prêcheurs de haine. Des mesures dont nous disposons aujourd’hui et qui ont été employées. Singulièrement depuis janvier. Mais dont il convient d’améliorer l’efficacité. Enfin, des moyens supplémentaires pour l’armée, la Justice (+ 1000 postes) et pour les services de sécurité publique (+ 5000 postes, qui s’ajoutent aux 5000 déjà créés depuis 2012, rattrapant ainsi le niveau de 2007, la droite ayant supprimé 13000 postes de gendarmes et de policiers lorsqu’elle avait la responsabilité du pays). Les parlementaires ont montré cet après-midi une belle image de l’unité nécessaire à la France et à ce moment. Cela n’aura qu’un temps j’en ai peur. Dans les prochains jours, nous entendrons certains taper du point sur la table, bomber le torse et brandir des panaches blancs avec des incantations ; « il n’y qu’à », « il aurait fallu que ». François Hollande quant à lui se place au plus haut niveau, comme les événements l’imposent. Dans son discours, il n’y avait pas que les mots, il n’y avait pas que la fermeté, il y avait du sens et une perspective. Si nous sommes effectivement en guerre, la première des nécessités est de concentrer le pays autour de ses valeurs, autour de sa culture, du vivre ensemble. Ce qu’ils ont voulu tuer, ce qui les insupporte c’est notre manière de vivre, c’est l’égalité entre les femmes et les hommes, c’est la laïcité, c’est le refus des discriminations et les bonheurs d’une société multiculturelle. Cette vie, nous devons continuer à la vivre pleinement, crânement. ]]>