Après les éclats du feu d’artifice, les cris, les sirènes des secours, les larmes, le silence a emparé la promenade des anglais le 14 juillet. Et au delà, le choc et la sidération. 84 morts dont 10 enfants. Plus 300 blessés dont 19 entre la vie et la mort. Une nouvelle fois attaquée, le jour même de sa fête nationale, la France n’a qu’une obligation, celle de l’union, du rassemblement et celle de n’offrir aux terroristes ni peur, ni division, ni renoncement. Le moment de silence et d’émotion fut de courte durée. Une partie de la droite estime que dans sa course contre le FN, elle doit incarner la colère sur laquelle elle souffle, croyant être à même de maitriser l’incendie. Alain Juppé rompt le silence et l’union en jetant immédiatement la responsabilité sur le Gouvernement. Il laisse entendre alors que l’on ne sait pas grand chose de l’attentat qui vient de se produire, encore moins de son auteur, qu’il aurait été possible de l’éviter. À Nice les élus locaux ne perdent pas de temps pour embrayer. Christian Estrosi premier adjoint chargé de la sécurité et Eric Ciotti député chargé des questions de sécurité chez LR se mettent en scène, saturant les médias de leur présence et multipliant les attaques contre la gauche et l’exécutif. Ces deux là se concurrencent depuis des années sur un terrain où le premier adversaire est un FN galopant. Le vent souffle dans ces voiles là, il est toujours bon d’en prendre sa part. L’opposition tape bruyamment du poing sur la table et expose une mâle détermination à imaginer de nouvelles mesures sécuritaires. Pour Henri Guaino « Il suffit de mettre à l’entrée de la promenade des Anglais un militaire avec un lance-roquette et il arrêtera le camion ». Eric Ciotti réclame l’usage des « armes de la guerre » ainsi que « La rétention administrative, dans des centres fermés pour ceux qui représentent une menace » ajoutant  « On ne peut pas comprendre qu’il y ait des personnes qu’on sait dangereuses et qui restent en liberté. ». Jacques Myard demande « l’interdiction du port du voile sur tout le territoire » et l’expulsion des seuls « binationaux en voie de radicalisation ». Frédéric Lefebvre exige le déclenchement de l’état de siège, ce qui aux termes de notre Constitution, confie les pouvoirs démocratiques à l’armée… J’en passe. La primaire LR bat son plein, ses concurrents se sont donc précipités dans la surenchère, Après Juppé, avant Lemaire, Nicolas Sarkozy s’invite au 20h de TF1 proposant à coups de menton des mesures qui n’auraient en aucun cas pu empêcher l’attentat de Nice, oubliant au passage de rappeler à quel point il a pu fragiliser nos forces de l’ordre au cours de son mandat (13000 postes de policiers de gendarmes en moins, budget en baisse de 17%, désorganisation des services de renseignement…). J’avoue mon écœurement devant un parti dit « républicain » qui réagit à un tel drame national avec une lecture purement électorale. Par définition, le terrorisme cherche à nous faire peur et à fracturer la société. Pour cette raison, nous ne pouvons pas répondre par la panique aux actes terroristes. Nous ne pouvons répondre par la psychose d’un peuple à la folie d’un homme. Depuis le 14 juillet, nous découvrons progressivement la personnalité du terroriste : ultraviolent, obsédé sexuel, trafiquant et consommateur de drogue voire psychopathe. Aucune trace de religion dans son parcours. Il mangeait du porc et buvait de l’alcool nous dit-on, ne respectait pas le ramadan et ne fréquentait pas de mosquée. Que valent dans ce contexte les mots de la droite et du FN lorsqu’ils imposent au comportement terroriste une connotation forcément islamiste ? Son profil ne correspond pas à celui des djihadistes membres de réseaux. Il est fort probable d’ailleurs que Daesh ait revendiqué l’acte de manière opportune, après en avoir pris connaissance. Le terroriste n’était pas fiché « S », était inconnu des services de renseignement, et n’avait d’ailleurs pas fait de séjour en prison. Que valent les propositions de la droite pour une contrainte renforcée voire une rétention systématique « de ceux qui représentent une menace » ? Nous en savons plus également sur le mode opératoire qu’il a employé. Emprunt de 1500€, location d’un camion prétextant un déménagement, repérage des lieux quelques jours avant de passer à l’acte, une seule arme de poing à sa disposition. Un mode opératoire effrayant de simplicité dans une ville parmi les plus équipées en policiers municipaux (378 dont 42 étaient sur place le 14 juillet) et en caméras de vidéos surveillance (1257). Que valent donc les paroles qui réclament aujourd’hui toujours plus de contrôles et de surveillance ? La droite excite la fracture française pour son profit politique. La gauche doit la vérité et la responsabilité aux français. Et au lieu de mots qui n’ont aucune utilité, montrer nos actes. Nous avons augmenté les effectifs des services de sécurité de douane et de renseignement, il faudra faire plus. Nous avons rétabli le contrôle au frontière et empêcher l’entrée sur le territoire de dizaines de milliers d’individus, il faudra poursuivre. Nous avons changé notre législation pour empêcher la diffusion des messages djihadistes en France, nous devrons faire encore mieux. Nous montrons une intransigeance avec les messages islamistes qui heurtent nos valeurs, nous aurons à les combattre plus que jamais. Nous luttons contre Daesh et les repaires terroristes au Mali et en Irak, nous devrons mobiliser nos partenaires avec nous. Mais le premier devoir qui s’impose à nous est de ne porter à aucun prix le flanc à la terreur. La plus importante de nos obligations reste de ne laisser personne s’engouffrer dans le piège que nous tendent les terroristes. Restons dignes, solides, déterminés. Restons unis.  ]]>

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