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[box] Aux côtés de mes collègues Marie Récalde (Gironde), Bernard Lalande (Charente Maritime), Patricia Adam (Finistère), et de bien d’autres parlementaires socialistes, j’ai signé une tribune parue dans le journal Le Monde le 7 avril dernier. La commission européenne vient de nous répondre. Je vous propose de prendre connaissance de cette tribune, qui critique le déficit démocratique des discussions entre l’Union Européenne et les États-Unis et la réponse de Cecilia Malmström, commissaire européenne pour le commerce, qui nous est parvenue cette semaine. Ce dernier texte est utile pour l’avenir et démontre par lui même l’utilité de l’initiative parlementaire… La commissaire européenne affirme notamment sa « volonté sans faille de coopérer étroitement » avec les parlementaires. Le fait que cet échange se fasse par presse interposée est certes une drôle de manière d’engager le dialogue. Mais au moins celui-ci est public… [/box]

 

TTIP : l’Union européenne ne réduira pas au silence le Parlement français

LE MONDE |

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/04/07/tafta-l-union-europeenne-ne-reduira-pas-au-silence-le-parlement-francais_4897453_3232.html#YsFfAWlJtjopHttG.99Chacun sait que l’Union européenne négocie avec les Etats-Unis un partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), mais personne ne sait ce qu’il contient. A l’heure où l’objectif affiché par beaucoup est de conclure un accord en 2016, Il faut se battre pied à pied, comme le fait notre gouvernement, pour obtenir de la transparence, car ce n’est pas un privilège mais un droit.

Aujourd’hui, un parlementaire ne peut lire qu’un texte lacunaire, une fois délesté de son téléphone, et sous la surveillance d’un fonctionnaire. Certes, depuis peu, il a au moins l’avantage d’y accéder dans les locaux d’une administration publique nationale, plutôt qu’à Bruxelles ou à l’Ambassade des Etats-Unis. Le symbole est évident : les citoyens et leurs représentants n’ont qu’à circuler, il n’y a rien à voir. Le commerce international est une affaire de technocrates, de lobbys, d’experts, bref de spécialistes. Que les effets d’un accord commercial sur la vie quotidienne de nos concitoyens soient considérables ne semble pasjustifier qu’on leur demande leur avis. Cette méconnaissance de nos principes et valeurs démocratiques fondamentales est purement et simplement insupportable. Avec Matthias Fekl, secrétaire d’Etat au commerce extérieur, le gouvernement a posé les conditions d’une négociation réussie : la transparence à tous les niveaux, la réciprocité entre les parties, l’intransigeance sur les normes sociales et environnementales, qui ne peuvent être modifiées que vers le mieux-disant, le respect de nos lignes rouges et le refus de tout tribunal d’arbitrage privé au profit d’une véritable justice internationale en matière d’investissement. La réussite de la France est reconnue puisqu’elle a su créer un consensus enEurope autour de la création d’une Cour publique, à terme multilatérale, qui mettra un terme définitif aux tribunaux d’arbitrage privés. Ses positions sont respectées car elle sait hausser le ton devant l’absence de réciprocité. En affirmant que le « Parlement aurait le dernier mot », le secrétaire d’Etat a aussi tranché avec l’inertie en Europe face aux enjeux mais aussi aux risques soulevés par le TTIP en matière de contrôle démocratique. Aujourd’hui les gouvernements européens restent discrets et semblent soutenir par principe un accord avec les Etats-Unis. Ce n’est pas le cas de la France. Le gouvernement a pris des positions claires dans lesquelles nous nous reconnaissons. Nos lignes rouges et nos intérêts offensifs sont précis, connus et défendus, aucun accord n’est envisageable sans leur prise en compte. Tous les Français doivent savoir que nous ne céderons rien sur la défense de notre modèle agricole et alimentaire. Bœuf aux hormones ou poulet chloré resteront aux Etats-Unis. Tous les Français savent que nos entreprises ont besoin de l’ouverture des marchés publics, de l’accès au marché des services, et de la reconnaissance des appellations contrôlées, parce que nos exportations garantissent des emplois et contribuent à en créer en remplissant le carnet de commandes. Mais ils ne veulent ni opacité, ni petits arrangements sur le dos des peuples. Certains mènent une offensive pour faire des accords commerciaux une compétence exclusive de l’Union européenne. La Cour de justice de l’Union européenne a été saisie pour trancher ce point et rendra prochainement son verdict sur l’accord entre l’union européenne et Singapour. Un argument juridique ne doit pas pouvoir servir à contourner la démocratie. Nous, parlementaires français, ne l’accepterons jamais. Nous demandons solennellement au gouvernement français de refuser de signer tout accord avec les Etats-Unis si le Parlement est réduit au silence. Les autres signataires : Alain Anziani (Gironde) ; Kader Arif (Haute-Garonne) ; Delphine Bataille (Nord) ; Claude Berit Débat (Dordogne) ;Erwann Binet (Isère) ; Nicole Bonnefoy (Charente) ; Brigitte Bourguignon(Pas-de-Calais) ; Martial Bourquin (Doubs) ; Sylviane Bulteau (Vendée) ;Henri Cabanel (Hérault) ; Pierre Camani (Lot et Garonne) ; Colette Capdevielle (Pyrénées-Atlantiques) ; Thierry Carcenac (Tarn) ; Françoise Cartron (Gironde) ; Marie-Anne Chapdelaine (Ille-et-Vilaine) ; Jacques Chiron (Isère) ; Karine Claireaux (Saint Pierre et Miquelon) ; Romain Colas(Essonne) ; Françoise Descamps-Crosnier (Yvelines) ; Sandrine Doucet(Gironde) ; Olivier Dussopt (Ardèche) ; Alain Duran (Ariège) ; Frédérique Espagnac (Pyrénées Atlantiques) ; Corinne Féret (Calvados) ; Richard Ferrand (Finistère) ; Yann Galut (Cher) ; Odette Herviaux (Morbihan) ; Eric Jeansannetas (Creuse) ; Chaynesse Khirouni (Meurthe-et-Moselle) ; Colette Langlade (Dordogne) ; Claudine Lepage (représentant les Français établis hors de France) ; Arnaud Leroy (Français établis hors de France) ; Lucette Lousteau (Lot-et-Garonne) ; Jacques Bernard Magnier (Puy de Dôme) ;Frank Montaugé (Gers) ; Sandrine Mazetier (Paris) ; Philippe Nauche(Corrèze) ; Germinal Peiro (Dordogne) ; Hervé Pellois (Morbihan) ; Marie Francoise Pérol-Dumont (Haute Vienne) ; Elisabeth Pochon (Seine-Saint-Denis) ; Dominique Potier (Meurthe-et-Moselle) ; Régine Povéda (Lot-et-Garonne) ; Joaquim Pueyo (Orne) ; Catherine Quéré (Charente-Maritime) ;Monique Rabin (Loire-Atlantique) ; Daniel Raoul (Maine et Loire) ; Claude Raynal (Haute Garonne) ; Stéphanie Riocreux (Indre et Loire) ; Gwendal Rouillard (Morbihan) ; Alain Rousset (Gironde) ; Jean Yves Roux (Alpes de Hautes Provence) ; Christophe Sirugue (Saône-et-Loire) ; Julie Sommaruga(Hauts-de-Seine) ; Nelly Tocqueville (Seine Maritime) ; Stéphane Travert (la Manche) ; Richard Yung (représentant les Français établis hors de France).

« Les négociations sur le TTIP sont bien transparentes ! »

LE MONDE |

Par Cecilia Malmström
Comme toute initiative d’envergure, le Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement (TTIP) suscite autant d’inquiétudes que d’espoirs, donnant lieu à un débat animé sur ses finalités et sur ses modalités. Une chose est sûre : le rôle des Parlements nationaux dans le contrôle démocratique des négociations sera essentiel, comme vient de le rappeler la tribune publiée par soixante parlementaires dans Le Monde. Cette tribune témoigne de l’engagement des membres du Parlement à exercer pleinement leur rôle d’élus dans le contrôle démocratique des négociations engagées depuis maintenant plus de deux ans avec les Etats-Unis. Ce qui n’a rien d’étonnant : ces négociations sont importantes pour l’Europe, mais elles le sont aussi pour la France, qui est un acteur clé de la relation transatlantique et qui a toujours porté un message de régulation de la mondialisation dans lequel ces négociations s’inscrivent pleinement. Ces parlementaires posent des conditions à la réussite des négociations que je partage pleinement : la transparence à tous les niveaux, la réciprocité entre les parties, l’intransigeance sur les normes sociales et environnementales, qui ne peuvent être modifiées que vers le mieux-disant, le respect de nos lignes rouges et le refus de tout tribunal d’arbitrage privé au profit d’une véritable justice internationale en matière d’investissement. La Commission ne cédera rien sur la défense du modèle agricole et alimentaire européen. Bœuf aux hormones ou poulet chloré resteront aux Etats-Unis. L’enjeu des négociations est au contraire de promouvoirnotre modèle agricole, d’obtenir la reconnaissance des appellations contrôlées et de soutenir nos exportations à haute valeur ajoutée de produits laitiers, de vins et spiritueux ou encore de produits alimentaires transformés. Nous devons impérativement obtenir plus d’ouverture et de réciprocité dans les marchés publics et dans les services. Ce sont autant d’intérêts primordiaux pour la France et ses 22 000 entreprises qui exportent outre-Atlantique. Ils devront se retrouver dans l’accord final. La même exigence doit s’imposer dans la manière de conduire les négociations : la transparence est un droit, ce qui signifie que, pour les administrations, elle est un devoir. Je viens d’un pays où les administrations publiques sont soumises à un devoir de transparence depuis plus de 300 ans. Depuis mon arrivée en charge du commerce, j’ai mis la transparence au cœur de mon action. Tous les textes que la Commission met sur la table des négociations dans tous les domaines qui font l’objet de débats sont désormais publics. La Commission vient encore de publier sur son site internet huit nouveaux textes juridiques qu’elle a mis sur la table des négociations, assortis de tous les documents explicatifs nécessaires, traduits en français. Le compte rendu de la 12e session de négociations, qui a eu lieu fin février à Bruxelles, est tout aussi public. Chacun – simple citoyen comme parlementaire – peut librement accéder à ces documents ainsi qu’à des dizaines d’autres sur le site internet de la Commission et se faire une idée précise tant des objectifs des négociations que du contenu exact de ce que la Commission engage dans leur contexte. Il n’y a pas aujourd’hui dans le monde de négociations de ce type plus transparentes que celles-ci. Certains documents doivent rester confidentiels, soit qu’il s’agisse de commentaires tactiques dont la publication nuirait directement aux positions de négociation des Européens, soit qu’ils intègrent les textes américains, qu’il ne nous appartient pas de rendre public. L’important est que ces éléments soient accessibles à tous les parlementaires, aussi bien européens que nationaux, et qu’ils puissent exercer leur contrôle démocratique en toute connaissance de cause. Cela n’a pas toujours été le cas dans le passé mais ça l’est désormais. La Commission a obtenu que des salles de lecture soient mises en place dans toutes les capitales européennes, dans les administrations nationales, où les gouvernements nationaux peuvent mettre tous les textes consolidés Europe-Etats Unis à la disposition des parlementaires nationaux. Les choses ont changé. Je me suis engagée personnellement pour que ce soit le cas. Reste la question centrale du rôle des Parlements nationaux dans la ratification de l’accord. Soyons clairs : c’est la Commission qui négocie mais ce n’est pas elle qui décide. Une fois conclu, l’accord devra être approuvé à l’unanimité par le Conseil des ministres des 28 Etats membres ; puis à la majorité par le Parlement européen, et enfin, si l’accord est aussi ambitieux que nous le souhaitons, par les Parlements des 28 Etats membres. L’Assemblée nationale comme le Sénat devraient donc, en toute logique, être amenés à se prononcer sur ce texte. C’est d’ailleurs aussi la raison pour laquelle j’accorde la plus grande attention aux positions des parlementaires français, que j’ai rencontré personnellement les commissions des affaires européennes de l’Assemblée et du Sénat et que le directeur général de mes services était encore cette semaine à l’Assemblée et au Sénat pour informer les parlementaires en détail sur l’état d’avancement des négociations. Nous mènerons ces négociations ensemble ou nous ne les mènerons pas. J’en finirai en m’adressant directement aux Parlementaires qui ont choisi Le Monde pour exprimer leur intérêt. Vous avez affirmé votre volonté d’être impliqués de plein droit dans ces négociations. J’y réponds par une volonté sans faille de coopérer étroitement avec vous, aujourd’hui et jusqu’à ce que nous obtenions un accord qui, comme l’a dit le président de la Commission Jean-Claude Juncker, devra être raisonnable, équilibré et mutuellement bénéfique. Je souhaite que cette coopération s’étende au-delà du TTIP à la vingtaine d’accords que la Commission négocie aujourd’hui sur le commerce et l’investissement et qui ne font pas l’objet d’assez d’attention dans le débat public. L’importance du TTIP est indiscutable mais ce n’est pas une relation exclusive et la politique commerciale menée par l’Union est bien plus vaste. C’est une condition essentielle si l’on veut que le commerce contribue à la hauteur de tout son potentiel à la stratégie de croissance, d’investissement et de création d’emploi de l’UE.
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