Quelques heures après les attentats du Bataclan et des terrasses parisiennes le 13 novembre 2015, François Hollande obtenait du conseil des ministres réuni nuitamment le déclenchement de l’état d’urgence. La persistance de la menace puis la réitération de nouveaux attentats (à Nice puis à St Etienne du Rouvray) nous ont conduit à renouveler la mesure à quatre reprises. Rappelons nous que le 14 juillet dernier, lors de son intervention télévisée, François Hollande annonçait la fin de l’état d’urgence. Après le massacre de Nice le soir même, il prenait la décision inverse, ce que personne n’a contesté. Nous avons été invités cette semaine à renouveler l’état d’urgence jusqu’au 15 juillet 2017. Je l’ai voté pour deux les raisons suivantes.  

  1. le risque terroriste est plus fort aujourd’hui qu’il y a 6 mois
Le risque terroriste dans notre pays est fortement lié aux agissements de Daesh dans la zone Iraqo-Syrienne. L’organisation est aujourd’hui poussée dans ses retranchements après une rétraction importante des territoires sous son emprise. La France participe aux opérations militaires pour reconquérir Mossoul ou Syrte (en Libye), pour encercler Raqqah et pour lutter contre les terroristes islamistes au Mali. De ce fait, le risque d’attaques terroristes sur le sol européen est considérablement accru depuis quelques mois. L’attaque du marché de Noël à Berlin en est l’illustration tragique. Pour les mêmes raisons le nombre de radicalisés français revenant du conflit est de plus en plus important. Ainsi, début novembre 2016 , 687 personnes de nationalité française ou résident habituellement en France étaient présentes dans cette zone parmi lesquels 288 femmes et 18 mineurs combattants ; 203 personnes étaient revenues sur le territoire national après un séjour dans cette zone et 219 étaient présumées y être décédées. A celles-ci s’ajoutaient 183 personnes en transit dans un pays tiers et 955 qui avaient manifesté des velléités de départ vers cette destination. Dans le même temps le nombre d’individus présents dans cette zone est en progression de 15% depuis le début de l’année 2016 tandis que le nombre des personnes identifiées comme étant impliquées dans les filières terroristes a augmenté de 12% ! Le nombre des attentats déjoués par les services de sécurité sur notre sol est plus élevé aujourd’hui qu’hier : en 2013, un attentat déjoué ; en 2014, quatre attentats ; en 2015, sept attentats ; en 2016, dix-sept attentats, dont treize depuis juillet dernier.  
  1. La perspective des élections va accroitre les initiatives des terroristes
La France va entrer en période électorale ce qui va exciter les tentations terroristes. La multiplication des rassemblements et des réunions publiques et les opérations de vote occasionneront des concentrations de population, susceptibles de représenter des cibles. Par ailleurs, la commission d’attentats en période électorale peut avoir un impact direct sur le contenu des débats et l’issue du scrutin, a fortiori dans un pays dont une partie de l’électorat verse dans le vote populiste. La tentation pour les terroristes de déstabiliser par la terreur est donc plus grande. L’attentat de Berlin a vu les diatribes populistes, xénophobes et islamophobes accaparer la lumière des médias. On peut aisément imaginer le résultat du vote d’un peuple soumis à l’épreuve de la terreur en pleine période électorale.   L’État d’urgence est une situation d’exception qui ne peut durer éternellement. Les pouvoirs exceptionnels qu’il offre aux forces de sécurité sont indispensables dans la période mais la menace terroriste va durer. Notre objectif doit être celui d’utiliser les moyens du droit commun pour la vaincre. L’état d’urgence ne fragilise pas l’état de droit, il le protège. Il n’est pas une menace pour la démocratie, il la défend. C’est la raison pour laquelle sa protection reste plus que jamais nécessaire en 2017.]]>

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