La Ville de Vienne engage le réaménagement du cours Brillier, principale et majestueuse artère d’entrée dans le centre-ville de Vienne. Le budget qui y sera consacré oblige la Ville à engager une concertation dite « règlementaire », car imposée par la loi. La municipalité qui n’est jamais très allante sur la participation citoyenne en considérant qu’une élection tous les six ans suffit à légitimer leurs décisions, a donc réduit au minimum les conditions de prise de parole des habitants. Chacun pourra se faire une idée en se rendant sur la page consacrée au projet sur le site de Vienne Condrieu Agglomération.

Vienne Citoyenne, qui estime que le projet est marqué par de réelles insuffisances, a voulu contribuer à son amélioration dans la contribution ci-dessous :

Contribution de Vienne Citoyenne à la consultation relative à la requalification du Cours Brillier

Issu d’une réflexion engagée par ses élus municipaux d’opposition et ses sympathisants, Vienne Citoyenne tient à contribuer par cet avis, à la concertation règlementaire relative à la requalification du cours Marc-Antoine Brillier.

De prime abord, nous approuvons l’intention de requalifier cet axe historique de Vienne dans le souci de sécuriser les modes actifs de déplacement, de faciliter la circulation des transports collectifs et de valoriser les terrasses. Il était plus que nécessaire de revisiter ce point d’entrée majeur de notre ville, accidentogène, inesthétique et dysfonctionnel dans ses usages.

Nous souhaitons attirer l’attention sur les points suivants :

  1. une concertation règlementaire limitée dans son périmètre et dans son ambition participative

Si la loi contraint Vienne Condrieu Agglomération à organiser une concertation dans le cadre de ce projet, force est de constater qu’elle prend la forme d’une simple consultation, sans ambition participative

un périmètre trop limité

La requalification du cours Brillier, au regard de sa place prédominante dans la trame viaire du centre-Ville, aurait dû être pensée dans une réflexion globale. L’axe Cours de Verdun, Avenue Général Leclerc, le cours Romestang, l’axe Montée Victor Hugo – Montée Saint Marcel, l’accès à la gare de Vienne, présentent également des dysfonctionnements  urbains qu’ils conviendra de traiter à courts ou moyens termes. Or, la requalification du cours Brillier est manifestement pensée sans intégrer une vue d’ensemble.

La concertation règlementaire aurait pu être l’occasion d’interroger les attentes des habitantes et habitants sur l’ensemble de ce réseau, très structurant pour la ville et l’agglomération afin qu’une cohérence et une logique d’aménagement puissent être ébauchées.

Une consultation a minima

Une concertation est un moment privilégié de dialogue avec les habitantes et les habitants. Elle doit permettre d’interroger et partager les attentes et les besoins, les priorités et les nouvelles fonctionnalités auprès de celles et ceux qui utilisent le cours quotidiennement et en sont les véritables experts d’usages. La concertation doit également constituer un moment de partage des contraintes et des invariants entre les élus et les citoyens. Or tel n’a pas été le cas en l’espèce.

La Communauté d’agglomération a choisi en effet une stratégie de concertation limitée au minimum. La rencontre avec les commerçants est une bonne chose mais aucune rencontre spécifique n’a été organisée à notre connaissance avec les riverains immédiats. La réunion publique organisée n’a rassemblé qu’un petit nombre de participants. Elle a été formalisée de manière descendante, sans animation facilitant la prise de parole des présents. Il s’agissait en définitive d’une réunion d’information.

Nous avons eu l’occasion de dire lors des conseils municipaux et communautaires le format de la concertation à laquelle nous aspirions, avec une réelle dimension participative :

  • une ou plusieurs permanences sur site en semaine et le samedi, jour de marché afin de sensibiliser et interroger les usagers dans une démarche « d’aller vers »,
  • une action spécifique en hyper-proximité auprès des riverains (réunion spécifique, diagnostic en marchant, porte à porte…),
  • des ateliers de concertation pour interroger les habitantes et habitants sur les différents usages du cours (notamment à destination des cyclistes), les ambiances végétales, les choix de revêtements et de mobiliers urbains…

Un dossier de concertation peu compréhensible

Le dossier, support essentiel de la concertation est rédigé de manière peu inclusive. Si les illustrations dominent l’ensemble, les termes techniques sont privilégiés au détriment d’une approche pédagogique. A contrario nombre d’illustrations ne sont accompagnées d’aucun texte explicatif.  Ce dossier constitue davantage une synthèse à destination du maitre d’ouvrage qu’un support de concertation en direction des citoyens.

  1. Une vision qui n’interroge pas l’avenir

Le cours Brillier de demain aura, selon les intentions développées dans le dossier, les mêmes fonctionnalités qu’aujourd’hui. Certes, la voie cyclable et la voie de bus viennent conforter ces usages respectifs mais dans l’ensemble, le cours Brillier restera une artère dédiée aux voitures.

Sans préjuger des choix que pourraient être ceux des habitantes et habitants dans le cadre d’une concertation sincère et participative, il aurait été utile d’interroger l’évolution des usages de déplacement dans les années à venir.

Nous sommes conscients de la difficulté que constitue l’omniprésence de l’usage de la voiture dans les habitudes des Viennoises et Viennois et nous ne croyons pas à une baisse de son usage par l’imposition unilatérale d’aménagement contraignants.

Néanmoins, l’on constate dans l’ensemble des villes et agglomérations une explosion des modes alternatifs de déplacement, notamment par l’usage du vélo (ou trottinettes) qui conduit à saturer rapidement les aménagements dédiés mis en place par les communes les plus ambitieuses en la matière.

Ainsi, les fonctionnalités envisagées pour la voiture sur deux fois deux voies ne semblent pas aller dans le sens d’un cours Brillier apaisé, dont la vitesse est limitée à 30km/h. La voie cyclable risque quant à elle de ne pas pouvoir absorber à long terme un usage croissant du vélo.

  1. Une sécurisation des usagers « modes actifs » très insuffisante

La cohabitation difficile voire dangereuse entre les modes actifs et les véhicules motorisés est le problème numéro un du cours Brillier. Les aménagements proposés ne nous semblent pas apporter des réponses à la hauteur de l’enjeu.

Des solutions insuffisantes et inadaptées pour la sécurisation piétons

Le seul aménagement avancé pour la sécurisation des piétons est un plateau surélevé au niveau de la rue Emile Romanet. Nous estimons ce parti pris inadapté s’il n’est pas accompagné d’un îlot de protection ou un refuge pour piétons à mi-parcours. En effet, cet aménagement risque de donner aux piétons un faux sentiment de sécurité et favoriser la prise de risque de leur part. Par ailleurs, la traversée de 5 voies pour véhicules motorisés et d’une voie cyclable ne peut en aucun cas se faire d’une seule traite, le respect de la priorité piéton étant rarement respectée par les automobilistes. C’est d’autant plus vrai pour les personnes vulnérables (enfants, personnes âgées ou porteuses de handicaps).

La traversée de la voie sera de plus en plus fréquentée par les piétons compte tenu du développement commercial qui tend à s’équilibrer des deux côtés du cours.  Nous privilégions donc le choix de revêtement au sol marquant une zone apaisée (à l’image d’une zone de rencontre, comme des pavés) sur l’ensemble du linéaire afin d’imposer une réduction de la vitesse et une rupture nette des comportements des automobilistes venant ou se dirigeant vers les quais où la vitesse n’est limitée qu’à 70 km/h.

Pour ce qui concerne la traversée du cours au niveau de l’office du tourisme, nous approuvons le choix de recréer une traversée sécurisée à la condition, dans la même logique que supra, de l’accompagner d’un îlot de protection ou un refuge à mi-parcours.

Un traitement inégal des usages cyclistes

Nous nous réjouissons du projet d’aménagement cyclable même si nous doutons que son dimensionnement (une seule voie cyclable à double sens) puisse absorber un trafic de cyclistes qui a vocation à s’accroitre nettement à l’avenir.

Nous souhaitons néanmoins que cette voie cyclable soit traitée de telle sorte qu’elle marque une séparation nette des usages entre piétons et cyclistes (pour ne pas reproduire les conflits d’usages rencontrés notamment sur la voie modes actifs le long du Rhône).

Un aménagement est envisagé pour sécuriser la place des cyclistes en traversée de la Place Pierre Sémard « afin d’assurer une continuité cycle dans le rond-point ». Un tel aménagement est en effet nécessaire. Nous ne comprenons pas en revanche la raison pour laquelle cet aménagement est qualifié de « provisoire ».

Par ailleurs, compte tenu de la particulière dangerosité de la place, nous pensons insuffisant la matérialisation de cette bande cyclable par des seuls pictogrammes, comme proposé dans le dossier de concertation. Nous proposons de manière innovante, de matérialiser nettement les voies empruntées par les cyclistes par un marquage au sol percutant et lisible, dans l’hypothèse où notre proposition d’un revêtement de type zone de rencontre n’était pas retenue.

Par ailleurs, cet aménagement ne pourra être mis en œuvre sans repenser des solutions aux mésusages de la zone « dépose seconde » au niveau de la gare. En effet, une bande cyclable risque d’encourager le stationnement abusif aujourd’hui constaté comme zone alternative de dépose/prise en charge des usagers de la gare.

Enfin, sur l’alternative proposée dans le dossier de consultation au niveau du pavillon du tourisme, nous préconisons la variante 2, plus sécurisante pour les cyclistes et modes actifs de déplacement.

 

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