Le Grand débat initié par le Président de la République s’est achevé. C’était objectivement un bel exercice de Démocratie. On peut regretter qu’il ait été inventé sous la pression mais les français l’on massivement investi. C’est là l’essentiel. J’ai participé à plusieurs d’entre eux, en Isère et dans le Rhône voisin. Je n’y ai pas pris la parole, ayant la chance comme élu de pouvoir intervenir dans le fonctionnement normal de nos institutions. Ce que j’ai entendu n’était pas nouveau à mes oreilles mais des arguments m’ont souvent interpellé. Comme tout le monde j’ai suivi les séances de questions-réponses organisées entre les élus locaux et le Président de la République. Enfin, je me suis inscrit et j’ai donné mon avis sur la plateforme participative.

A l’issue de ce grand débat, je reste interrogatif sur l’issue que nous pouvons collectivement en tirer.

Ce que j’ai entendu en Isère est cohérent avec ce que l’on a pu entendre partout en France: une défiance inédite à l ‘égard des élus et de nos institutions, une forte aspiration à la préservation de l’environnement, à davantage de justice fiscale et sociale. Plus rarement, et c’est heureux, les débats ont été également le moyens pour quelques uns de ressortir de vieilles lunes; contre le mariage pour tous, contre les vaccins, contre « l’assistanat », contre les réfugiés etc.

Sur le fond, ces sujets exigent une réaction et des réponses. La prise de conscience environnementale doit être résolument entendue. La défiance à l’égard de la démocratie représentative impose des mécanismes d’expression permanente de la parole citoyenne. Le référendum d’initiative populaire en fait partie. L’insupportable injustice sociale doit redevenir une priorité dans un pays où les inégalités sociales ne se résorbent pas. La politique fiscale doit gagner en lisibilité car on ne consent plus à l’impôt quand il est incompréhensible. Pour la même raison, l’impôt sur la fortune doit être rétabli.

Sur la forme, le grand débat national n’était pas un exercice de démocratie participative qui invite les citoyens à exprimer leur situation, leurs besoins, leur vécu. C’était une invitation à donner des réponses ou proposer des solutions. A prendre la place du Gouvernement en quelque sorte. Comme chacun de nous ne peut être experts sur tout, des propositions contradictoires ont pu surprendre. Lors d’une réunion publique, j’ai pu entendre de la bouche d’un pourfendeur de l’injustice fiscale la proposition de taxer avec le même pourcentage tous les revenus, c’est à dire la solution la plus inéquitable qui puisse exister. De même pour l’idée de réduire le nombre d’élus et d’exiger dans le même temps qu’ils soient plus proches des citoyens.

Dans mon quotidien de fonctionnaire territorial, j’ai la chance de faire de la démocratie participative mon métier. Chaque jour je fais en sorte d’imposer dans la décision publique l’avis des experts d’usage que sont les habitants. La meilleure décision publique naît de la légitimité des élus, éclairée à la lumière de cette expertise d’usage au même niveau que l’expertise technique ou scientifique.En invitant les français à proposer des solutions toutes faites, une grande frustration risque de conclure le grand débat.

Le Gouvernement semble impatient de passer à l’action mais sur quelles réformes ? Le débat qui a lieu sur la question cette semaine au Parlement ne parvient pas à nous donner des pistes. Reste que cette expérience démocratique a permis à des millions de français de s’exprimer. Un grand nombre n’avait jamais osé le faire. Saluons ce mouvement dont j’espère qu’il perdure dans le temps et ceux qui, vêtus de jaune, l’ont rendu nécessaire et incontournable.

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