Comme à chaque élection présidentielle, le front national pleure sa prétendue incapacité à trouver les 500 signatures nécessaires. L’avantage est évident. Cela permet d’abord à Marine Le Pen d’occuper l’espace médiatique par un autre moyen que celui des propositions. L’extrême droite est moins attendue sur son programme que sur ses slogans et ses vieilles lunes ; immigration, sécurité… On ne lui reprochera donc pas de continuer à avancer sans proposition et sans programme mais avec ses phrases toutes faites et ses formules chocs. La lutte entre les citoyens et ses élites est également un fond de commerce habituel avec son pendant politique ; l’antiparlementarisme. Et justement le discours sur l’incapacité à trouver 500 signatures veut confirmer cette thèse dangereuse et paranoïaque : les élus et les élites contre le bon peuple de France. C’est un succès garanti pour le FN et l’écho médiatique disproportionné ne fait que légitimer une thèse qui s’autoalimente. L’opération est d’autant plus réussie que la question de la légitimité ou non de la présence de Marine Le Pen à l’élection présidentielle se répand à longueur d’éditos sur le thème « un parti qui recueille les faveurs de près d’un électeur sur quatre (dans les sondages) peut-il ne pas pouvoir se présenter à une élection ? ». Sur le principe, lorsque l’on est démocrate, on ne peut répondre que non. Il est évident que la démocratie implique la possibilité pour tous d’accéder aux responsabilités et de porter ses idées au suffrage des électeurs. Mais la démocratie c’est la transparence. Cette exigence de transparence me paraît incompatible avec la proposition qui est aujourd’hui faite de l’anonymat des parrainages républicains. Lorsque l’on est élu, on se doit d’assumer ses choix politiques devant ses électeurs. Etre démocrate ce n’est pas apporter son soutien à un candidat en cachette. Aucune expression politique ne doit proliférer dans le noir, surtout celle de l’extrême droite. Les idées du Front National ne sont pas des opinions, ce sont l’expression de la haine et de la peur. Elles veulent l’ombre pour se propager, parce que s’en prévaloir publiquement est encore honteux, et c’est plutôt bon signe. Si Marine Le Pen arrive à se présenter à l’élection présidentielle, je ferai partie de ceux qui la combattront avec la plus grande force. Si elle n’y arrive pas, je m’en réjouirai.]]>

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